C'est grâce à Jean-Claude Penchenat que nous avons découvert « Le Testament du père Leleu » de Roger Martin du Gard dont nous avons présenté le 1er acte lors de deux lectures publiques sur Copeau et le Vieux Colombier. Nous avons eu alors l'envie d'aller plus loin et de travailler sur la pièce. Il nous fallait un « notaire », ce fut Yves Berthiau et un metteur en scène, Jean-Claude Scionico tout de suite accroché par la force et la drôlerie de cette farce paysanne.

Brigitte Belle et Jean Pommier

L'auteur

Roger Martin du Gard (1881-1958) écrit pour le théâtre Le Testament du père Leleu en 1913, farce paysanne qui semble avoir inspiré Puccini pour la composition de son opéra Gianni Schicchi. La mise en scène de cette farce en 1914 par Jacques Copeau qui venait alors d'ouvrir le théâtre du Vieux-Colombier marque le début d'une amitié très forte, grâce à laquelle Martin du Gard envisage la réalisation de pièces satiriques dans le cadre d'une Comédie nouvelle dont il développe une première vision. Ces perspectives ne connaissent pas un aboutissement, cependant, en raison des refus successifs qu'oppose Copeau aux propositions et essais de Martin du Gard. Celui-ci revient alors vers le roman.

La pièce

« Le texte original a été écrit dans le dialecte berrichon tel qu'il était encore parlé par les vieilles gens du Centre. Mais les difficultés de compréhension pour un public parisien ont nécessité un remaniement de la langue ; et le texte actuel est écrit en un français populaire moins particulier. Pour lui donner sa véritable saveur, les interprètes devront s'inspirer des principes suivants... »

Introduction à la pièce par Roger Martin du Gard

Le père Alexandre est sur le point de mourir. La Torine, sa servante (et plus !) depuis ses 18 ans, attend l'héritage qu'il lui a promis faute d'héritier. Mais le vieux n'a pas encore fait de testament. La Torine arrivera-t-elle à le faire tester ? Rien n'est moins sûr...

La Torine : Puisque vous êtes dans ces idées-là, père Lexandre, savez-vous point ce qui vous ferait bon effet, à cette heure ?... Une bonne visite de causerie...oui...avec...avec le notaire...

Le père Alexandre : Peut-être bien.

La Torine : Sûrement ! Je vous le disais moi ! Faut point tarder à l'aller quérir !

Le père Alexandre : Écoute ! Tu vois bien comme je suis : j'aurais quasiment point la force d'y rien dire !...Sais-tu bien ce qu'il me faudrait ?

La Torine : Non, pas trop bien...

Le père Alexandre : … Une bonne goulée de ce sacré marc de l'ânnée de l’éclipse...

L'équipe

Jean Pommier, comédien, il vient de fêter ces 92 printemps. Il fut de la dernière mise en scène de Copeau en 1943 après avoir suivi Jean Dasté sur les routes de France. Il a fait partie des plus grandes compagnies de l'après-guerre à Paris comme en province aux belles heures de la décentralisation (Barrault, Vilar, Wilson, Reybaz, Barsacq, Serreau...) a joué Claudel, Camus, Brecht, Anouilh ou Vinaver. Aujourd'hui, il fait régulièrement des lectures publiques sous la direction de Jean-Claude Penchenat. Au cinéma, on a pu le voir chez Becker, Anouilh ou Vecchiali. Il vient de tourner dans le dernier film de Philippe Garrel.

Brigitte Belle, comédienne depuis 30 ans, elle a joué aussi bien du théâtre classique que du contemporain (Anca Visdei, Gombrowicz), des comédies (Feydeau, Labiche, Molière) comme des tragédies (Agrippine dans Britannicus). Depuis 2002, elle travaille régulièrement avec Jean-Claude Penchenat sur des spectacles (L'étudiant roux, Carola) ou des lectures mises en espace (Musée d'Orsay, Cinémathèque, Forum 104...) ainsi qu'avec André Valverde au chapiteau de la Fontaine aux Images à Clichy sous Bois.

Yves Berthiau, comédien, puis de 1959 à 1983 administrateur général du Tréteau de Paris avec lequel il a effectué une vingtaine de tournées dans les universités américaines et quatre dans l'hémisphère austral avec des spectacles classiques ou contemporains joués en français. De 1985 à 1995 administrateur et comédien aux Galas Karsenty-Herbert, il a joué auprès des plus grands acteurs sous la direction de Brialy, le Poulain, Pignot, Sereys ou J.L. Tardieu des pièces d'Anouilh, Claudel, Molière, Roussin, Feydeau ou Guitry.

Jean-Claude Scionico, comédien, il a joué sous la direction de Robert Hossein, d’Anca Visdei et travaillé avec la compagnie Néo-Vent (Molière, Courteline). Il a assisté Jean-Paul Tribout dans la mise en scène du Galant Escroc de Charles Collé et réalise la mise en scène du Silence de la Mariée de René Couteaudier au Théâtre Darius Milhaud en 2009. Parallèlement il anime des ateliers théâtre au centre culturel de Gif sur Yvette. En 2012 il signe la mise en scène de Elvira ou L’Atroce fin d’un séducteur d'Anca Visdei au théâtre Berthelot de Montreuil.