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ISBN : 978-2-916724-35-5
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Fausse révérence, ironie mordante, les lettres en témoignent : « Je ne vous aime point, Monsieur »…
Le livre L'auteur Du même auteur La critique
Si, pour la postérité, au nom de la patrie reconnaissante, un graveur a réuni Rousseau et Voltaire conduit par un génie commun au temple de la gloire et de l’immortalité, de leur vivant, ces deux-là se détestèrent passionnément jusqu’à la déraison.
Cela commence par de la fausse révérence de la part de Rousseau et de l’ironie piquante de la part de Voltaire, pour finir par une querelle de voyous philosophiques, en passant par la lettre de Rousseau du 17 juin 1760 qui débute par le célèbre : « Je ne vous aime point, Monsieur… », et se conclut par :« Je vous hais enfin puisque vous l’avez voulu… ».
Si l’on devait user de comparaisons sportives, ce combat du siècle s’ouvre par une joute d’escrime démouchetée et finit par une rixe avec son arrachage d’oreille à la Mike Tyson.
En effet, cette haine réciproque va s’exprimer avec une rare inventivité : lettre privée rendue publique circulant dans les salons, sans l’accord préalable du destinataire, lettre anonyme, ou signée par un auteur de fantaisie, lettre attribuée à un tiers, colportage de rumeurs calomnieuses, dénonciations, délations - dont certaines auraient pu avoir des conséquences judiciaires dramatiques.
En somme, ces deux-là se sont pourris la vie.
Néanmoins, leur aveuglante détestation n’est pas sans raison. Ils perçoivent chez l’autre, derrière le génie philosophique, le génie civil qui va, pour bâtir un nouveau monde, détruire le monde féodal où chacun d’eux tire son assise et un reste de préjugés. Ils sont lucides sur le caractère explosif contenu dans l’œuvre de l’autre, et peut-être plus encore intuitivement anticipent-ils que l’addition de leurs substances va produire une sorte de nitroglycérine philosophique.
Peintre et écrivain, Gérald Stehr, né le 21 avril 1949 à Paris, est membre fondateur d’un groupe d’artistes parisiens, auteur de plusieurs livres, de scénarios et de piécettes de théâtre pour les enfants.
À l’Ecole des Loisirs, il a écrit les textes de livres de différents illustrateurs, dont ceux de son frère, Frédéric Stehr. Il a réalisé aussi de nombreuses adaptations pour le théâtre, principalement pour le Festival de la correspondance de Grignan.
Tous les coups sont permis : lettres privées rendues publiques, rumeurs calomnieuses, délation… A la fin nos deux compères ennemis se jettent à la face des noms d'oiseau « Ennemi du genre humain ! » « Echappé des Petites Maisons ! » « Athée ! »
Cette pièce rassemble deux monstres sacrés et leurs philosophies antithétiques.
Odile Bonneel