Causeries entre objets consentants I

Le livre

Les objets – toutes choses placées devant nous qui se présentent à nos sens ou à notre esprit, selon l’étymologie -, ne suscitent jamais notre empathie. Nous les utilisons, c’est tout. Mais peut-être ont-ils une vie à eux, comme le soldat et la danseuse du conte d’Andersen, des sentiments, des désirs, des volontés, un langage.
Dans ces « Causeries », courtes pièces en un acte, les objets consentent à livrer leurs pensées, ils dialoguent. Leurs obsessions filtrent, leur caractère se trahit ; ils font entendre leur voix impertinente ou lugubre, pompeuse ou vulgaire.
Les aiguilles de la montre profitent d’une heure de repos à l’équinoxe pour régler leurs comptes. La gomme et le stylomine se livrent à un duel dramatique entre écrire et effacer. Les deux oiseaux chez l’empailleur règlent leurs problèmes de couple, et les trois fauteuils se disputent l’honneur d’asseoir un visiteur qui ne viendra pas.

Et, en nous ouvrant leur monde, au travers de leurs conciliabules et échanges, ces objets consentent à révéler une part de leur surprenant quotidien. « Objets inanimés avez-vous donc une âme ? », la question de Musset se pose toujours.