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Le livre Les extraits
Café-Lecture des Augustes
5 rue sous les Augustins
63000 Clermont-Ferrand
Il se cachait sous un camion, pour sortir du camp. Arrivé à l’hôtel, dans la petite ville voisine, il descendait dans la cave et ouvrait la porte secrète de la barrique factice. Là, il se coulait dans le boyau jusqu’à la grotte. Dix fois, il avait usé de ce stratagème. Ils le cherchaient partout. Mais cette fois-ci, il fallait aller plus loin. Il attendit pendant deux mois dans sa cache et ressortit de beau matin, rasé de près, en tenue de clergyman, méconnaissable, par la sortie du cimetière. Diligence, train, la grande ville, déjà. Il resta une quinzaine de jours à surveiller les entrées du port. On ne savait jamais. Ce serait trop bête.
Il n’arrivait pas à se décider. C’est alors qu’une petite serveuse, avec laquelle il avait lié connaissance, lui parla de son frère qui travaillait à la grande gare. « Il y a des trains qui partent de nuit pour le Canada. C’est lui qui assure la fermeture des wagons de marchandises… »
Cahoté depuis six heures dans le fourgon, il essayait de se trouver un recoin un peu tendre au milieu des ballots. Ça hurlait, ça ferraillait. Soudain, à une halte, il entendit la porte coulisser. « Pourvu qu’il n’y ait pas de chien. » Des chocs sourds. Rien de grave. On chargeait des paquets. Voix, claquements et tout repart. Il s’éveilla le lendemain matin, glacé. « Dix-sept heures. » La frontière était passée depuis longtemps, maintenant.